La production du festival Stratford

Paradise Lost

Écrit par Erin Shields une adaptation théâtrale de Paradise Lost de John Milton
Mise-en-scène par Jackie Maxwell

Satan existe et elle est déterminée à rétablir les faits. Que s’est-il réellement passé dans le jardin d’Éden?
Surtitres français vend. 31 janv. et sam. 1er fév. à 20h

2 heures 40 minutes
Actrice classique très connue du Canada anglais, Lucy Peacock se glisse ici dans la peau de Satan, ange déchu et vengeur dont le cœur cherche encore un peu malgré lui l’amour et la reconnaissance de Dieu.
It would take an actor […] of considerable stature to possess Satan’s wounded, wrathful soul. And that’s just what we get with the formidable Lucy Peacock, reprising her role […] with slithering, winking sensuality
Erin Shields […] places this magnetic devil on stage to set the audience’s moral compass spinning.
Paradise Lost is a stellar achievement
Witty, sophisticated and lethal…you’ll walk out of the theatre knowing you’ve just seen something triumphant

À PROPOS DU SPECTACLE

Dans ce rôle magistral écrit spécialement pour elle, la vedette canadienne de la scène, Lucy Peacock, interprète Satan… comme on ne l’a jamais vu.

Séduisante dans sa peau de serpent et mielleuse comme un gourou de haute technologie, elle dénonce son expulsion injuste du paradis dans cette adaptation amusante et très théâtrale du poème épique de Milton.

Truffé de références modernes et d’expressions contemporaines, le texte rempli d’esprit d’Erin Shields souligne adroitement la puissance et la pertinence toujours actuelles du poème original. La production du Centaur présente une distribution montréalaise exceptionnelle dans les rôles des vedettes bibliques. Notons l’inoubliable Amelia Sargisson dans le rôle d’Ève et Michelle Rambharose dans le rôle diamétralement opposé de Beelzebub. Marcel Jeanin jou dieu, et Gabriel Lemire son fils. Extrêmement physique et résolument accrocheuse, la pièce Paradise Lost est un chef-d’œuvre classique moderne.

Avertissement: lumière stroboscopique.

Prenez note qu’il y a une brève instance de nudité dans le spectacle.

Distribution

Lucy Peacock
Qasim Khan
Amelia Sargisson
Patrick Émmanuel Abellard
Rebecca Gibian
Alain Goulem
Marcel Jeannin
Gabriel Lemire
Julie Tamiko Manning
Michelle Rambharose
Jake Wilkinson

Mise-en-scène: Jackie Maxwell
Conception de décor et costumes: Judith Bowden
Conception des éclairages: Bonnie Beecher
Conception sonore et composition: Thomas Ryder Payne
Adjointe à la composition sonore: Deanna Haewon Choi
Directeur de mouvement: Valerie Moore
Directeur des combats: John Stead
Distribution des rôles Stratford: Beth Russell
Dramaturgie: Bob White
Régie: Luciana Burcheri
Adjointe à la régie: Danielle Skene
Adjointe à la mise en scène: Mahalia Golnosh Tahririha
Stagiaire à la régie: Elizabeth Richardson

adam and eve with an apple

Entrevue Centaur Stage

La relecture de la chute selon Erin Shields – de Barbara Ford

 

Centaur Stage : Qu’est-ce qui vous a incité à adapter Paradise Lost?

Erin Shields : À l’époque où je traçais mon chemin dans le milieu du théâtre, je me suis inscrite au baccalauréat en littérature anglaise à temps partiel à l’Université de Toronto. En troisième année, j’ai suivi un cours sur John Milton dans lequel on faisait une étude intertextuelle de Paradise Lost et des textes sacrés. Mon professeur, Paul Stevens, est celui qui m’a ouvert les portes de Paradise Lost.

Il abordait le texte avec respect, mais aussi avec une saine dose d’humour irrévérencieux. Ses cours passionnés, souvent provocants, nous ont conduits dans une démarche qui liait les textes si parfaitement que j’avais souvent l’impression d’observer un dialogue entre les textes. Non seulement le poids de la bible dans Paradise Lost, mais aussi l’influence de Milton sur notre lecture contemporaine de la bible. Après avoir terminé le cours, je savais que mon intérêt pour les deux textes ne ferait que grandir. Les textes ont continué de m’habiter et de nourrir mon écriture. Lorsque j’ai finalement décidé de m’attaquer au poème en entier, j’ai proposé une adaptation théâtrale contemporaine au Festival de Stratford.

CS : Est-ce que l’humour en a fait partie dès le début?

ES : Mon intention initiale n’était pas d’écrire une pièce drôle. Une partie de l’humour s’explique par l’absurdité des récits bibliques. L’idée que manger un fruit pourrait damner l’humanité (surtout la gent féminine!) pour toute l’éternité est aberrante. Lorsque les tenants et les aboutissants de l’histoire sont joués avec grand sérieux, c’est drôle. L’effet de cet humour est double : la sortie au théâtre est vraiment agréable et l’humour crée de l’espace pour les moments plus sérieux de douleur, de perte et d’empathie.

CS : Pourquoi une Satan féminine?

ES : Le personnage mâle de Milton, Satan, m’est apparue comme une femme. Satan se rebelle contre Dieu, est punie pour s’être révoltée et conçoit un plan de vengeance magistral. Elle est active, mais contemplative; égoïste, mais en quête d’amour; attachante, mais débordante d’une méchanceté incompréhensible. En bref, Satan est une protagoniste complexe et irrésistible et je souhaitais aborder cette aventure d’une perspective plus proche de la mienne. Je n’ai pas cherché à réduire la vaste histoire de Milton à une parabole féministe contemporaine. Je me suis plutôt efforcée de donner au conflit central de la pièce une voix féminine pour remettre en question les idées préconçues sur les archétypes dont nous avons hérité. En explorant Satan à travers une lorgnette féminine, j’espère refléter notre époque, où partout les femmes parlent franchement aux dirigeants, mais également créer un personnage complexe auquel chaque spectateur, indépendamment de son genre, peut s’identifier. Et… c’est tellement amusant d’être méchante! Je suis diaboliquement ravie de pouvoir donner cette occasion à une actrice extraordinaire.

CS : Est-ce qu’il a été difficile de rendre cette œuvre accessible et intéressante pour le public d’aujourd’hui?

ES : L’adaptation de textes classiques nécessite d’échanger avec un auteur qui n’est plus de ce monde. Je m’efforce de saisir l’intention de l’auteur tout en considérant ma propre relation au texte, en l’examinant à travers ma perspective canadienne, contemporaine et féminine. C’est une négociation entre rester fidèle à l’intention de l’auteur et exprimer la mienne. Par exemple, Milton a transformé le jardin d’Éden en un jardin anglais je l’ai plutôt transformé en un paysage sauvage canadien, les forêts du nord de l’Ontario où j’ai passé les étés de mon enfance. Les pins majestueux, le Bouclier canadien, les buissons de bleuets, le cri des huards sur les lacs – c’est mon paradis à moi. La représentation de la dynamique entre les genres de Milton est de son époque. Ma représentation d’Adam et Ève est de mon époque; j’ai cherché à créer une dynamique du pouvoir équitable, qui est rompue par la chute et la punition d’Ève.

CS : Quel est le prochain texte classique auquel vous vous attaquerez?

ES : J’essaie d’imaginer l’histoire du cheval de Troie du point de vue des protagonistes féminins.

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